L’université de Bordeaux a décidé de lancer une expérimentation visant à faire adopter Anti-Covid (anciennement appelée StopCovid avant le 22 Octobre) par les étudiant.e.s des filières santé en s’appuyant à la fois sur un engagement de l’ensemble des acteurs locaux (université, Inria, CHU, ARS, Inserm) et sur une communication impliquant les enseignants-chercheurs en santé.
L’impact de cette expérimentation sera mesurée par des enquêtes répétées portant sur des échantillons aléatoires d’étudiant.e.s en santé et menées par notre équipe. Ces enquêtes permettront de suivre la fréquence d’adoption de l’application Anti-Covid et si les connaissances et représentations des étudiants se modifient.
Une première enquête de terrain a été réalisée, avant toute communication liée à l’expérimentation, pour évaluer les connaissances des étudiants en santé. Découvrez les chiffres ci-dessous :
Echantillon
318 étudiants interrogés sur le campus santé :
- du 23/09/20 au 15/10/20
- par des étudiants-relais i-Share
- questionnaire fermé avec quelques questions ouvertes
- étudiants choisis aléatoirement (taux de participation proche de 100%) et sex-ratio respectant la distribution réelle
Caractéristiques :
- 63% femmes, âge 20,4 ans
- médecine 61% ; pharmacie 19%
- 41% en 1er année ; 75% dans les 3 premières années
Connaissance StopCovid
- 1 sur 5 (22%) n’en a pas entendu parler
- Un pourcentage élevé pour des étudiants en santé et qui montre qu’une simple information pourrait permettre d’augmenter l’adoption
- Chez ceux ne connaissant pas StopCovid, 56% seraient d’accord pour l’essayer après quelques phrases d’argumentaire dites par l’étudiant relais
Un chiffre très encourageant sur l’absence d’a priori chez les étudiants ne connaissant pas l’application.
- Chez ceux connaissant StopCovid, sur l’ensemble de l’échantillon, 15 étudiants utilisent StopCovid (5%).
C’est notre chiffre de référence : l’expérimentation permettra-t-elle d’augmenter ce pourcentage ?
Chez ceux qui connaissent l’application (n=246)
- 11% l’ont téléchargée ; 88% en ont entendu parler par les médias ; 43% ne l’ont pas téléchargée car ils ne voient pas l’intérêt.
L’absence de communication officielle semble être une des raisons du faible pourcentage de téléchargement.
Chez ceux qui ont téléchargé l’application (n=36)
- 1/3 l’a fait par curiosité et 1/3 pour protéger leurs proches
Des raisons compréhensibles mais pas complètement pertinentes. Seul 14% disent qu’ils l’ont fait car ça pourrait être utile pour contenir la diffusion du virus.
- 42% l’utilisent encore
Un pourcentage plutôt élevé vu l’absence d’encouragement par les autorités.
Chez ceux qui connaissent l’application mais ne l’ont pas téléchargée (n=210)
- 43% disent qu’ils n’en voient pas l’intérêt
- 29% disent qu’ils pourraient changer d’avis si la communication était meilleure et 26% si beaucoup plus de personnes l’utilisent
Des chiffres encourageants car une meilleure communication sur l’intérêt et l’effet d’entrainement collectif pourrait convaincre les non-utilisateurs.
La promotion
Sur l’ensemble de l’échantillon, quand on leur demande comment diffuser plus largement l’application :
- 71% disent qu’il faut avoir une meilleure stratégie de communication
Chiffre très élevé montrant bien que les étudiants ont parfaitement analysé la non-utilisation actuelle de StopCovid : la non-communication. Fait intéressant, 14% disent même qu’il faudrait rendre l’application obligatoire, ce qui montre qu’ils ont compris sa pertinence pour la prévention.
La fréquence des idées fausses sur StopCovid
- 49% pensent que l’application suit les déplacements et géolocalise
Le pourcentage de connaissances inexactes et négatives sur l’application est elevé et une meilleure information permettra de lever ces doutes et d’améliorer l’acceptabilité.
En conclusion
Il n’y a que 5% d’étudiants en santé de l’université de Bordeaux qui utilisaient StopCovid (avant le début de l’expérimentation).
La raison principale de la non-utilisation c’est qu’ils n’en perçoivent pas l’intérêt étant donné le faible nombre d’utilisateurs. Il y a également fréquemment des idées fausses donnant une image négative de l’application.
Le message le plus important que l’on retrouve chez tous, c’est le manque d’information. Chiffre marquant : quand on leur demande leur avis sur la façon d’avoir une meilleure utilisation de l’application, 71% disent qu’il faut mettre en place une meilleure communication…
Ce bilan laisse penser qu’il est possible d’améliorer l’adoption de l’application par une information fiable et délivrée par les enseignants.
CT
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