Les Human Papillomavirus (HPV) sont des virus très communs qui se transmettent par voie sexuelle. Plus de 75% des hommes et des femmes contracteront ce type d’infection à un moment donné dans leur vie. Le plus souvent l’infection est transitoire et inapparente. Certains types d’HPV peuvent être à l’origine de lésions précancéreuses au niveau du col de l’utérus qui elles-même peuvent évoluer en cancer.
Dans son édition du 19 juin dernier, The Journal of Infectious Diseases a publié les résultats d’une étude américaine révélant que la vaccination préventive avait permis la baisse de la contamination par les HPV pour les filles de 14 à 19 ans.
Que peut-on en conclure pour la France ? Les efforts de communication tel que le lancement par l’Institut national du cancer (INCa) de la campagne nationale de sensibilisation des femmes à l’importance de la prévention et du dépistage du cancer du col de l’utérus permettront-ils d’augmenter le recours à la vaccination chez les jeunes filles ?
i-Share avec son groupe Infections Sexuellement Transmissibles mené par les Professeurs Didier Guillemot et Elisabeth Delarocque-Astagneau s’intéresse plus particulièrement à ce sujet.
Tour d’horizon avec Didier Guillemot
- Votre analyse des résultats de cette étude américaine ?
« Il s’agit d’une étude extrêmement intéressante qui rapporte l’impact de la vaccination en population. Il y a assez peu de travaux de ce type et ils ont été conduits dans des pays où la couverture vaccinale est plus élevée, comme en Australie. Mais surtout l’intérêt de ce travail porte sur l’analyse différentielle en fonction des différents types de Papilloma Virus Humain (HPV). Très clairement, il apparaît que ce vaccin présente un intérêt pour réduire le risque d’infection aux génotypes d’HPV dont il est sensé prévenir le risque.» - Où en est-on en France, a-t-on des chiffres ?
« La couverture vaccinale est sensiblement comparable en France à celle observée dans la population d’étude, voire un peu moindre. Concernant le risque d’infection, il n’y a pas à ma connaissance de donnée voire de dispositif épidémiologique qui permettrait de faire ce type de travail. » - Que permettra l’étude i-Share ?
« i-Share permettra de produire des données de même type, évidemment avec plusieurs années de retard par rapport à ce qui a pu être fait aux Etats-Unis et en Australie. Mais si nous ne le faisons pas, nous serons obligés dans les années futures de nous appuyer sur des résultats issus d’autres pays pour piloter notre politique vaccinale. De plus, i-Share va nous permettre de travailler à anticiper les risques d’échappement vaccinaux, c’est à dire les risques de remplacement par des génotypes non inclus dans le vaccin. Dans le travail qui est rapporté ici, il n’est pas impossible que ce phénomène se soit amorcé. Dans i-Share, nous allons travailler sur les conditions qui pourraient être susceptibles d’expliquer cela. Les objectifs consistent à établir chez les jeunes adultes une cartographie des populations de HPV, connaître et pouvoir anticiper les effets de la vaccination préventive sur la répartition et la diffusion des différents virus et enfin mieux comprendre comment ces infections peuvent évoluer vers des cancers. » - Comment convaincre les jeunes femmes de l’importance de se faire vacciner ?
« Là vous me demandez de sortir de mon rôle de chercheur, je ne m’y aventurerais pas ! Il y a en France des instances dont c’est la fonction. »
Vous l’aurez compris, pour mieux répondre aux besoins de prise en charge des infections HPV en France nous avons besoin d’en savoir plus sur la situation des jeunes et leurs comportements sexuels. i-Share est là pour nous éclairer et nous donner les moyens d’avancer sur le sujet.
Etudiants, n’attendez plus, rejoignez-nous !
EM
Sources